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Fédération des Associations Familiales Catholiques du Val de Marne (et du 93)
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7 février 2018

Fin de vie, euthanasie, dignité de l'homme... AMOUR

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Chers frères et soeurs, avons-nous la foi ?

Et si nous perdons notre enfant, ou celle que nous aimons plus que toute autre chose au monde, ou la santé du corps, ou l’équilibre psychique, aurons-nous toujours la foi ? La tentation la plus lourde n’est pas celle de l’éclatement dans la débauche, l’idole de Argent ou l’orgueil du Moi. Elle est celle du désespoir de vivre. Parfois la foi frôle la tentation de l’athéisme, les lignes s’entrecroisent, on s’arrête à la frontière. On retient son souffle au bord de l’abîme. On se rend compte finalement que ce n’est pas nous qui gardons la foi, c’est elle qui nous garde. C’est la fidélité de Dieu qui garde en nous la foi.

 

X couronné Fungai

« Voici l’homme » dit Pilate face au Christ déchiré par les coups (Jn 19, 5). Quand tout se délite, que le corps part en lambeaux de maladie ou de vieillesse, que reste-il ? « L’homme n’est qu’un souffle, ses jours sont une ombre qui passe » dit le psaume. « Les fils des hommes ? Un mensonge. Sur un plateau de balance, tous ensemble, ils seraient moins qu’un souffle » (Ps 61)…

Que reste-il des grands de ce monde, une fois passé le long naufrage des ans ? Que reste-il de la beauté des femmes qui d’un seul regard faisaient tomber les étoiles quand elles ne sont plus qu’un petit tas informe recouvert de laine qui grelotte et marmonne dans une maison de vieux ? Sic transit gloria mundi… On ne meurt pas toujours sur scène devant les projecteurs, on ne meurt pas toujours droit dans ses bottes ou debout. On meurt en général dans des hôpitaux avec des pantoufles et des infirmières qui viennent changer vos couches et vous font des piqures dans les fesses.

Je vais visiter parfois un grand général, Georges. Ancien d’Indochine, il dirigeait le « commando Georges » en Algérie, qui porte son nom, chargé de missions spéciales extrêmement dangereuses. Le général Bigeard a écrit de lui qu’il était l’un des officier français les plus courageux qu’il ait jamais rencontré. Ses faits d’armes sont très impressionnants. Et maintenant… Il est si fragile. Il reste en lui pourtant une force, une noblesse, celle d’un homme qui a traversé la nuit en scrutant la lumière de l’aube. Il perd un peu la tête. Je suis allé le voir il y a dix jours dans sa petite chambre bien propre des Invalides. Je lui ai dit comme de coutume : « Tout va bien mon général ? » Il m’a répondu d’un air surpris, dans ses pantoufles, entouré de boîtes de médicaments et de tubes : « Pourquoi ça n’irait pas, mon garçon ? Les paras sont là, déployés. Nous avons sécurisé le campement ».

« Je l’ai dit, vous êtes des dieux, dit le psaume, des fils du Très Haut, vous tous, pourtant vous mourrez comme des hommes. Comme des Princes, tous vous tomberez » (Ps 82).

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Que reste-il de nos amours, que reste-il de nos beaux jours quand tout s’en va ? Il reste finalement l’essentiel. Un peu de diamant brille au coeur de la poussière quand tombent les masques d’orgueil. Il reste l’amour vécu qui souvent se réveille au soir de la vie.

 

« Tu ne vaut que ce que vaut ton coeur » disait saint Jean Paul II. On mesure dans l’extrême légèreté de l’être la vraie valeur de nos jours.

 

Euthanasie

A l’heure où s’ouvrent à nouveau les débats sur l’aube et le couchant, l’Alpha et l’Omega de la vie des hommes, nous devons tenir ce que nous croyons avec détermination, au nom de la dignité de tout homme, au nom de notre raison illuminée par la foi, selon le serment d’Hippocrate – « tu ne donneras pas le poison qui fait mourir » - et le Commandement du Seigneur : « Tu ne tueras pas ».

Chers frères et soeurs, il faut tenir les avant-postes avec courage et sans aucune peur car si le Christ nous a libérés c’est pour que nous soyons vraiment libres, non pas au nom de principes rétrogrades mais dans la certitude que nous portons l’avenir de l’homme et son espérance. Soulager les souffrances physiques et psychiques, éviter l’acharnement thérapeutique, refuser radicalement l’euthanasie. C’est une ligne de crête, celle de la sagesse et du respect inconditionnel du plus vulnérable. Quand on la franchit règne alors le pouvoir arbitraire de l’Argent roi et l’écrasement méthodique du plus faible.


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« Apprends nous la vraie mesure de nos jours, dit le psaume, que nos coeurs pénètrent la sagesse » (Ps 89). La vraie beauté est de mourir en tenant la main d’un autre, jamais par la main d’un autre. Il ne faut pas voler aux hommes le mystère unique de leur propre naissance et de leur propre mort, l’humble abaissement par lequel ils redeviennent des enfants et peuvent enfin s’ouvrir à la grâce. La grande vieillesse est aussi le noviciat du Ciel. L’homme revêt son vrai visage une fois tombés les masques de la comédie humaine et du théâtre du monde. C’est souvent au soir de nos jours que nous naissons à nous-mêmes, que notre faiblesse s’ouvre à la force de Dieu qui élève les humbles. Ne jugez personne avant de voir sa fin. La mort dévoile la vie. « Je ne te connaissais que par ouï-dire, dit Job à travers la nuit, mais maintenant, Seigneur, mes yeux t’ont vu » (Jb 42, 5).


Une société qui veut éradiquer le vulnérable devient inhumaine. Sparte n’est plus qu’un champ de ruines. Il s’agit d’assumer toute l’envergure de vivre, en ses rires et en ses pleurs. Quand on ne veut plus voir la Passion on se prive de la compassion, quand on ne veut plus voir la solitude on se prive de la consolation. « Car ce qui n’est pas tombé n’a pas besoin d’être ramassé, ce qui n’est pas sale n’a pas besoin d’être essuyé » (Péguy).

Consoler. Cum sole. Etre avec le seul. La ville entière se pressait à la porte du Seigneur à Capharnaüm, le village du Consolateur. Et là, il guérit beaucoup de malades. On dit que la foi est un combat. On a raison sans doute. Mais la foi est aussi une grande douceur et une grande consolation. Celle de la douce pitié de Dieu qui descend dans la mort de l’homme, celle de la flamme de Pâques, celle de la douce pitié de Dieu qui descend dans la mort de l’homme, celle de la flamme de Pâques qui a traversé les ténèbres d’une invincible espérance.

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Quand sont tombés les masques, que reste-il de l’homme ? Un peu d’or qui brille au fond du creuset, l’invisible essentiel, l’amour qui demeure quand tout passe.

 

 

« Je ne Te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux T’ont vu »

 

 

P. Luc de Bellescize +

 

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Commentaires
F
Magnifique
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